La musique est un hobby majeur dans ma vie. Mais pour gagner ma croute, j’exerce en tant qu’enseignant dans l’enseignement supérieur en Belgique francophone. Par le passé, passionné par les apprentissages, j’ai été conseiller pédagogique, notamment en charge de la formation continue et de l’élaboration de programmes de formation. Cela m’a permis d’identifier quelques composantes nécessaires dans tout apprentissage.
Se placer dans une démarche d’apprentissage continu est essentiel dans la réalisation d’un projet musical (et de tout projet d’ailleurs)
Tant par le fait de découvrir de nouvelles techniques, de nouveaux outils, etc. que par le fait de continuellement s’améliorer et développer ses compétences. C’est pour ces deux raisons que j’avais identifié l’apprentissage comme un pilier nécessaire pour produire un morceau comme un pro ! (Voir ici 3 piliers pour produire professionnellement en Home Studio) Et c’est également la raison pour laquelle je pense que cet article est intéressant !
Aussi, là où j’en suis dans mon aventure musicale, je perçois l’apprentissage de la musique comme un ensemble de processus frustrants tant ils sont nébuleux et énigmatiques. Pour les éluder et se les approprier, il est utile de les identifier et les reconnaitre, les décomposer, les organiser et les structurer et enfin, les maitriser par l’entrainement, la répétition et la reproduction.
Apprendre la musique à l’âge adulte (ou tardivement) représente un véritable challenge. Il y a déjà tellement de choses dans la vie… Cet article abordera ces questions et tentera d’apporter des pistes de réponses et de solutions.
Ce que vous trouverez dans cet article à propos de l’apprentissage de la musique
- Les problèmes explorés et discutés dans l’article
- Les 7 habitudes d’apprentissage à adopter comme réponses aux problèmes identifiés
- 1. Définir des objectifs clairs
- 2. Définir des espaces-temps
- 3. Une seule source d’apprentissage (ou presque…)
- 4. Se connaitre et connaitre ce qu’on vise à atteindre
- 5. S’amuser
- 6. Pratiquer la théorie musicale
- 7. Mettre en place un système simple et fiable d’apprentissage de la musique
- Une action à emporter avec soi et à réaliser
Les problèmes que j’ai rencontrés et qui sont traités dans cet article
Commençons par le plus évident. La vie de la plupart des gens est déjà tellement remplie que trouver du temps pour apprendre n’est pas toujours simple. Entre les études, le boulot, les sorties avec les copains, les tâches diverses, les enfants… Mais quand vais-je apprendre la musique ?! Le temps, notre bien le plus précieux, s’écoule si vite…
Ensuite, pour les jeunes (ou moins jeunes) parents, comment apprendre efficacement quand notre attention est coupée toutes les 5 minutes par les enfants qui se chamaillent, qui nous interpellent… ?
Et puis, même si je trouve du temps et de l’énergie, par quoi je commence ? Il y a tellement de choses à apprendre dans la musique, sur quoi vais-je me focaliser ? Comment savoir ce qui est primordial ?
Dans le même ordre d’idée, comment faire si comme moi, tout vous intéresse ! On a vite l’impression de savoir un peu de tout mais de ne rien maitriser…
Et enfin, comment puis-je trouver un bon équilibre entre apprendre la musique et faire de la musique ?
Voilà autant de problèmes qui peuvent entraver notre apprentissage et nous donner l’impression qu’on ne s’améliore pas ou que nos productions restent au même niveau…
Pour contrecarrer ces difficultés, voici quelques habitudes à prendre. En mettant personnellement en place ces habitudes, je peux me permettre de prendre le temps de vous écrire ces articles tout en continuant à apprendre la musique !
Si les 2 premières habitudes identifiées ci-dessous sont relativement banales, car connues de toutes et tous, la suite promet des pistes plus originales.
1e habitude : définir des objectifs clairs d’apprentissage (eh oui !)
Commençons une nouvelle fois par une évidence.
Et malgré tout, vous n’imaginez pas le nombre d’apprenants que j’ai accompagnés et qui n’étaient pas au clair avec ce qu’ils souhaitaient (ou devaient) apprendre…
Alors, quelles sont les conditions pour fixer un objectif clair dans son apprentissage de la musique ?
Avant toute chose, il est important d’identifier ce qu’on sait faire et d’identifier le pas suivant à réaliser. Sans cela, on risque de se fixer des objectifs trop ou trop peu ambitieux. Dès lors, la motivation risque de prendre un sacré coup dans l’aile. En identifiant clairement là où on en est et là où on veut aller, on peut aisément mesurer son évolution, ce qui est encourageant. Combien de fois j’ai eu le sentiment de faire du sur-place car je n’avais aucune manière de me voir évoluer !!
On peut aussi penser à se filmer au départ et de temps en temps pour constater l’évolution parfois lente et penser à demander des feedbacks à des personnes plus expérimentées. Aussi, afin que l’apprentissage reste stimulant, ce « next step » doit être réalisable dans un temps relativement court. Vous n’ignorez sûrement pas qu’il est de bon conseil de se fixer une deadline de réussite de l’apprentissage souhaité.
N’hésitez pas à chercher sur les moteurs de recherche la méthode SMART pour se fixer des objectifs si vous n’êtes pas familier avec cela.
2e habitude : définir des espaces-temps d’apprentissage
Pour s’assurer d’une pratique régulière, nécessaire pour un apprentissage en profondeur, on va tenter de se fixer des moments planifiés et récurrents, et surtout s’y tenir… Si cela semble aller de soi, il peut être important (voire nécessaire) de se le rappeler. La planification est en effet un mécanisme cognitif de base et peut déterminer la réussite d’un apprentissage.
Ensuite, certains espaces sont plus appropriés que d’autres en fonction de l’apprentissage visé. Si, à ma connaissance, il n’y a pas de tendance claire mettant en lien un apprentissage visé et le lieu pour le réaliser, il sera de la responsabilité de chacun de se poser la question. Est-ce que les conditions et l’environnement sont favorisantes pour l’apprentissage que je souhaite réaliser ?
3e habitude : une seule source d’apprentissage (ou presque…)
Cette habitude-ci m’aurait permis de gagner énormément de temps… ! Je ne pourrais pas calculer le nombre d’heures gaspillées à « zoner » sur YouTube, ou à acheter des formations que je n’ai jamais terminées… LE problème quand on débute, c’est qu’il y a tout à découvrir et donc une quantité folle de choses à apprendre. MAIS il n’est pas nécessaire de tout connaitre et tout maitriser pour faire de la musique.
Dans ce cas, l’habitude à ne pas prendre, c’est de se disperser dans les méandres des conseils, des trucs et astuces ou autres informations que l’on trouve à tous les coins de rue de YouTube ville.
Ma meilleure décision a été, en novembre 2022, de m’inscrire dans une communauté d’apprentissage (Production Music Academy). A ce moment-là, je me suis juré de m’investir uniquement dans cette source et de ne rien acheter d’autre ! Mon appétit pour la découverte et l’envie d’en savoir toujours plus de diverses personnes m’ont amené à investir d’autres cours en ligne, mais en revenant systématiquement à cette communauté que j’utilise comme fil rouge pour mon apprentissage. Le reste me servant principalement à enrichir mon « vocabulaire » musical. En résumé, au centre j’ai cette communauté et autour, gravitent d’autres ressources que j’utilise avec parcimonie.
Le conseil à prendre est donc : se fixer une source centrale et, de temps en temps, enrichir ses connaissances par d’autres biais en veillant à ne pas se perdre dans l’inutile.
Pour trouver la bonne ressource, celle qui nous convient le mieux, rien de tel que d’en essayer plusieurs et de voir celle qui nous correspond le mieux. Finalement, si nos objectifs d’apprentissage et d’évolution sont clairement identifiés (voir la première habitude), alors on pourra plus facilement identifier la source qui nous correspond le mieux.
4e habitude : se connaitre et connaitre ce qu’on vise à atteindre + rebooter son état d’esprit
J’entends par ici quelque chose de différent de la première habitude relative aux objectifs.
Par exemple, est-il nécessaire d’apprendre dans les moindres détails comment fonctionne un synthétiseur lorsque l’on souhaite créer des morceaux dans le genre AC/DC ? Non pas qu’il ne faut pas être curieux, mais il y a déjà tellement de choses à savoir, que cibler ses apprentissages en fonction de nos envies peut s’avérer un pari gagnant.
Apprendre à se connaitre et connaitre son style, ses influences, ce qu’on aime et ce qu’on aime moins, ce qui nous inspire, ce qui nous fait vibrer, mais également ses forces et ses faiblesses, son niveau de compétence pour tel ou tel aspect de la création musicale est une bonne habitude à prendre.
Cela permet de pouvoir rapidement faire le tri entre ce qui est important et essentiel de ce qui l’est moins. Et donc ne pas perdre du temps inutilement dans des apprentissages qui ne nous correspondent pas.
Se connaitre permet également d’adopter un état d’esprit positif et optimiste. Cultiver une attitude positive et se mettre dans une perspective mentale et émotionnelle constructive, apporte énormément de bénéfices en termes d’apprentissages.
Par ailleurs, on le sait, l’apprentissage de la musique peut parfois être lent. La patience et la persévérance seront donc des atouts importants. Apprendre et développer des compétences prend du temps… le savoir à l’avance permet de relativiser et de se concentrer davantage sur son objectif. Cet état d’esprit peut nous amener plus facilement à prendre de la distance et identifier les problèmes qui nous empêchent d’avancer (et donc de chercher les solutions permettant de les résoudre).
Enfin, il sera judicieux de ne pas croire les messages négatifs que l’on peut recevoir et qui nous annoncent qu’il est trop tard pour apprendre. Les données de la recherche sont claires, s’il existe des périodes plus favorables, un individu est capable d’apprendre tout au long de sa vie. Et, se mettre dans une démarche d’apprentissage diminue le risque de déclin cognitif précoce.
5e habitude : s’amuser (l’un des buts de la musique non ?!)
Même si c’est un processus lent, laborieux et parfois très frustrant, l’apprentissage de la musique devrait rester dans le domaine du plaisir.
Encore une fois, trouver le bon équilibre entre un challenge trop ambitieux et un challenge trop abordable amène à découvrir la zone de plaisir. Ce moment où c’est fun d’apprendre.
Lorsque les choses deviennent trop dures et que l’énervement point le bout de son nez, c’est un bon moment pour faire une petite pause, se changer les idées. Revenir à la tâche ou à l’exercice l’esprit frais et positif garantit davantage le succès de l’apprentissage.
6e habitude : pratiquer la théorie musicale (oui je sais… lisez jusqu’au bout vous ne serez pas déçus)
Au-delà du message assez bateau du genre : « mais si, la théorie n’a jamais fait de mal à quelqu’un » et « ceux qui la connaissent ne disent pas que c’est mieux de la connaitre » …, il y a un élément qui me parait essentiel à mettre en avant ici.
Il existe plein de théorie en lien avec les apprentissages. Parmi celles-ci, une m’a souvent été utile. Il s’agit de l’apprentissage expérientiel de Kolb (n’hésitez pas à faire vos petites recherches sur le net, c’est vachement intéressant).
Pour faire simple, ce qui permet d’avancer c’est d’expérimenter concrètement une situation, prendre un peu distance pour faire le point, conceptualiser des pistes d’amélioration et recommencer l’expérience. Et c’est en ça que la théorie musicale est intéressante !
Imaginons… Je souhaite expérimenter la composition musicale. Après quelques minutes à chatouiller ma guitare, je n’arrive pas à grand-chose. Je la dépose et, au lieu d’en rester là, je me demande comment faire pour composer. J’effectue quelques recherches et je découvre que je peux utiliser (par exemple) le cercle des quintes pour trouver une progression d’accords intéressantes. Voilà un élément de la théorie musicale que je sollicite et qui me permet de dépasser une difficulté rencontrée en vrai. En mettant toutes ces petites solutions en mémoire, je peux alors me créer un stock de théorie musicale que je peux aller chercher quand le besoin s’en fait ressentir.
En partant de cet exemple, je peux facilement me rendre compte qu’il n’est pas nécessaire de tout connaitre et de tout maitriser pour parvenir à un bon résultat.
Et enfin, cet exemple me permet également de prendre conscience que la théorie à elle seule ne sert à rien. Il est NECESSAIRE et OBLIGATOIRE de pratiquer si on veut s’améliorer. A titre d’exemple, si je consacre 20 minutes à l’apprentissage de la théorie, je consacrerai au moins le double à la mettre en pratique.
7e habitude : mettre en place un système simple et fiable d’apprentissage de la musique
Last but not least !
Je vais faire bref, mais c’est la meilleure habitude à mettre en place. Celle qui va vous permettre de vous améliorer rapidement. Voici la technique qui permet de s’améliorer à coup sûr dans la pratique de son instrument. En suivant ces étapes, vous devriez voir votre progrès rapidement (pour une heure) :
- Echauffement (comme pour le sport) : 10 min
- Découverte d’un élément issu de la théorie musicale (ex. une gamme) : 10 min
- Développer sa technique autour de la découverte réalisée juste avant : 20 min
- Mettre en pratique pour le fun et pour mettre en place des automatismes : 20 min
- BONUS : jouer avec d’autres personnes pour donner vie à ces nouvelles connaissances…
Une action concrète à emporter avec soi et à réaliser après la lecture de l’article
Prendre toutes ces bonnes habitudes peut réellement permettre d’accélérer ses apprentissages, surtout en musique. Mais si ce n’est pas toujours simple, sélectionner l’une de ces habitudes et s’y tenir peut déjà faire la différence !
Je vous encourage donc à vous poser et prendre deux minutes pour voir quels changements vous pouvez mettre en place pour vous améliorer. Et en respectant vos propres engagements, vos productions ne seront que meilleures…
Si vous souhaitez que je développe davantage l’un des points abordés dans cet article ou que vous avez d’autres habitudes d’apprentissage, n’hésitez surtout pas à laisser un commentaire ! 😉