Produire ses morceaux à l’ère de l’IA : pourquoi continuer à créer soi-même sa musique ?

L’IA compose des morceaux en quelques clics. Alors, à quoi bon passer des heures à développer vos propres idées musicales ? Le constat peut paraître clair, les avancées ultra rapides dans le domaine de l’intelligence artificielle ont tout pour démoraliser n’importe quel artiste. Alors je repose la question : pourquoi créer soi-même sa musique ?

Depuis ce début d’année 2025, j’essaie d’être régulier dans la publication d’articles sur ce Blog « finir-ses-compos ». Et je fais pareil en ce qui concerne la composition musicale. Cette année, je tente en effet de produire un maximum de morceaux, que ce soit pour moi ou pour des amis. Et pour être sincère, au plus l’IA progresse, au plus j’ai envie de créer des nouvelles choses. Que ce soit des articles de blog, des vidéos ou des chansons… je ne compte pas m’arrêter de sitôt.

Mais il est vrai que régulièrement des questions me viennent en tête et me font douter. Quel est encore l’intérêt de passer autant de temps et de dépenser autant d’énergie à créer (des articles, des chansons, des vidéos…) ? Tout cela alors que l’Intelligence Artificielle est au premier plan, collecte des Stream et donc de l’argent à la place des artistes…

J’imagine que vous avez entendu parler du groupe « The Velvet Sundown »…

Produire un morceau de A à Z c’est valorisant !

Le processus de création musicale, puis celui de l’enregistrement et enfin celui de la postproduction sont tellement complexes et parfois si décourageants ! Est-ce que ça vaut toujours la peine de « perdre » son temps à tout faire soi-même ? Ou « perdre » tout son argent dans l’achat de matériel ou dans la réalisation d’un mix ou d’un mastering professionnel ?

Bien évidemment, en tant qu’artiste indépendant, il est logique de se poser ces questions. Dans ce contexte, il est même tout à fait normal de sentir sa motivation diminuer. Surtout lorsqu’on voit qu’en un prompt et quelques clics on peut produire une chanson complète et de bonne qualité (si, si je vous jure… les progrès sont incontestables et donnent parfois le vertige).

Alors comment (re)trouver du sens dans nos projets musicaux ? Comment persévérer quand toutes les dernières nouveautés IA semblent appauvrir nos idées et nos créations ? Pourquoi prendre le temps de finir nos compositions de façon authentique ?

C’est toutes ces questions que nous voulons aborder dans cet article. Et, j’espère du fond du cœur que chaque lecteur trouvera de quoi garder confiance en sa musique !

Créer soi-même sa musique, une évidence remplie d’humanité !

La réponse directe, plutôt bateau, mais néanmoins essentielle, est probablement celle de l’humanité. Si la créativité, le partage et l’authenticité sont des caractéristiques propres à l’humain, alors le monde abordé du point de vue des sciences sociales (philosophie, anthropologie, sociologie…) et des artistes subsiste comme fondamental.

Peut-être êtes-vous gênés ou dans l’inconfort par rapport au fait d’exprimer vos réflexions, votre compréhension des choses, ou encore votre vision du monde. Pourtant, petit à petit j’ai découvert et assumé l’idée selon laquelle le point de vue de chacun compte. Et, qu’on le veuille ou non, consciemment ou inconsciemment, nos points de vue finiront par s’exprimer au travers de nos discours et/ou de nos actes. Alors pourquoi attendre ?

Il est clair qu’en regardant autour de nous, on peut avoir l’impression que le monde se construit par la volonté de quelques multimilliardaires ou quelques politicards corrompus (bon ok, j’en rajoute une couche !). Mais, est-ce une raison pour simplement subir les choses ? A titre personnel, je suis convaincu que c’est tous ensemble qu’on construit l’avenir. Chacun d’entre nous a quelque chose à apporter à la globalité. Dès lors, oser s’exprimer (et donc s’exposer) n’est-il pas nécessaire ?

L’art pour transmettre un message

Et, peut-être que l’art est le média parfait pour partager sa part d’humanité. Le fait de créer (un texte, une peinture, une sculpture, une vidéo… ou une chanson) nous offre la possibilité d’extérioriser un point de vue, un message ou nos émotions. Cette fragilité nous rend humble.

Une œuvre d’art (et j’entends par là toute création de quelque chose qui n’était pas là avant, sans prétention aucune) est un fragment de ce que nous sommes ou ce que nous pensons à un moment donné. Si pour certains, l’analogie d’une photo prise à un temps « T » donne tout son sens, pour d’autres, l’expression d’un moment se traduira par une tout autre forme artistique.

En cela, créez ! Soyez humain ! Peu importe que votre œuvre touche une ou mille millions de personnes.

8 raisons supplémentaires de continuer de créer soi-même sa musique (et tout le reste)

1.      Un processus créatif complet pour un épanouissement personnel

S’il est vrai que j’aime écouter un morceau que j’ai moi-même réalisé une fois qu’il est terminé, c’est surtout le processus de création qui m’anime. Chez moi, ce processus ressemble souvent à ça :

L’idée de base

Je prends ma guitare et je « jouote » de façon désorganisée et souvent aléatoire, ce qui m’amène régulièrement à découvrir quelques idées intéressantes. C’est comme de la magie… Quelques fois, une rythmique, une mélodie ou une progression d’accords retient mon attention. Dans ces moments, je sors mon téléphone de ma poche et j’enregistre cette nouvelle idée, en me disant que je pourrai potentiellement l’exploiter un jour ou l’autre. Bien sûr, la plupart d’entre-elles restent là, inertes… Mais il arrive que l’une ou l’autre raisonne en moi différemment, soit directement, soit de manière différée en réécoutant tous ces enregistrements.

L’exploration

Quand cela arrive, j’importe cette idée dans mon logiciel (ou je la réenregistre plus proprement) et là commence une autre partie captivante de mon processus. Mon niveau de connaissance musicale n’étant pas encore très développé, je patauge parmi toutes les possibilités en testant un tas de combinaisons possibles. C’est un peu comme résoudre une énigme. J’ai une idée, c’est cool ! Mais comment je fais pour la transformer en morceau complet ?

L’enrichissement

En règle générale, je commence par trouver des sons qui sonnent bien et qui semblent cohérents (ampli et effets de guitare, une drum sympa, un son de clavier intéressant…). Cette partie est souvent très brouillon. J’importe un tas de choses qui parfois fonctionnent et parfois pas du tout. A ce stade, je suis réellement dans l’expérimentation. Et, au bout d’un moment, je commence à m’y perdre et je n’avance plus ! Vient alors une 3^e phase…

La structure

Je crée un nouveau projet dans lequel je ne charge que 4 pistes : une piste batterie, une guitare, une basse et une piste chant. Le but est simple, composer la chanson du début à la fin, sans chichi. Puis je combine toutes ces idées et, pouf ! j’ai une chanson. Bon en vrai, c’est encore laborieux après cette étape-là, mais le gros est achevé.

C’est dans ce processus que je m’éclate et que j’ai le sentiment d’exprimer ma créativité. Pour moi, le reste n’est que du fignolage… Et, dans ces quelques étapes de mon processus, hors de question de déléguer une partie à un outil. Là où éventuellement je pourrais laisser de la place, c’est si le projet est une collaboration et que la personne avec qui je travaille souhaite apporter ou modifier l’un ou l’autre élément.

2.      Identifier ce qui nous fait vibrer, tester, enrichir notre vision

Créer, c’est aussi l’occasion de réfléchir à soi et sur soi. C’est parfois un réel travail d’introspection. Pas au sens psychanalytique du terme, mais peut-être spirituel ou en tout cas lié au sens profond des choses. C’est entrer en relation avec le monde par un autre biais, celui de l’art.

Créer, c’est donc apprendre à mieux se connaitre. Expérimenter pour voir ce qui raisonne en nous. Comment cela raisonne et comment cela nous fait vibrer.

C’est l’occasion d’enrichir notre vision du monde. De s’ouvrir à quelque chose qui nous dépasse. De prendre un temps pour soi, avec soi.

Il y a quelque chose d’ésotérique dans la création musicale et c’est ce côté mystérieux qui peut éventuellement vous donner l’envie de continuer à créer.

3.      La musique est un langage

Combien de fois n’ai-je pas entendu un morceau qui exprime exactement ce que je ressentais à un moment donné. Comment en quelques phrases et une mélodie un auteur/compositeur peut-il toucher autant une personne ?

Imaginez dans un film, un moment clé où Tom, le héro de l’histoire annonce à Sophie qu’il est amoureux d’elle depuis leur enfance. Et imaginez cette même scène sans musique. Ça perd de la saveur non ?

C’est exactement ce dont je veux parler ici. Lorsqu’on arrive à se connecter à ce point à ses compositions, on exprime quelque chose de puissant. Il y a des choses qu’on ne peut dire ou mettre en valeur qu’avec de la musique. Idem avec la peinture, le cinéma ou toute autre œuvre d’art.

Exprimez-vous ! 🙂

4.      APPRENDRE !!!

Chaque composition est une occasion d’apprendre une nouvelle technique ou de nouvelles compétences. Au plus je mixe mes morceaux, au plus j’ai le sentiment de mieux entendre ce que je fais et de le faire avec plus d’intention. Et comme vous le savez, l’intention c’est la clé.

Après 40 années passées sur cette planète, il y a quelque chose qui me passionne ; l’apprentissage. Cet acte si gratifiant et si complexe en même temps.

Et oui, finir ses compos c’est parfois un sacré casse-tête. Mais une chose est certaine, chaque projet vient avec son lot d’apprentissages. La meilleure manière de progresser, c’est de passer à l’action et de rester éveillé aux nouvelles compétences qu’on développe.

5.      Faire travailler son cerveau

Pour compléter le point précédent, mais en prenant le contre-pied, exercer sa composition musicale c’est en réalité une belle occasion de faire travailler son cerveau.

A l’heure où l’IA peut faire un sacré paquet de choses à notre place, il peut être tentant de mobiliser la loi humaine universelle : le moindre effort !!!

Notre cerveau étant programmé pour survivre, il va régulièrement nous amener à faire les choix du moindre effort. Et, si on ne résiste pas soi-même à cette tentation de la facilité, on risque de devenir ces petits être amorphes et complètement débiles (oui je vous jure !).

C’est l’une des raisons qui me pousse à écrire un peu tous les jours pour ce blog, sans utiliser l’IA. Cet effort cognitif me permet de continuer d’entrainer mon cerveau. Les effets positifs ne sont pas directs, mais je sais au fond de moi que c’est quelque chose d’important.

Et, parfois, c’est l’argument nécessaire qui me pousse à me mettre à composer, même quand je n’ai pas d’idée de ce que je vais faire. Le plus fun, c’est que souvent, après 5 minutes où j’ai dû me forcer pour m’y mettre, je commence réellement à prendre du plaisir et il m’est difficile de m’arrêter !

6.      Quel héritage ?!

Depuis le Covid, j’ai pris davantage conscience (comme beaucoup j’imagine) que tout pouvait basculer en un clin d’œil. Ayant 2 enfants de bas-âge à l’époque, la question de l’héritage au sens large du terme m’a fait réfléchir.

Dans l’un des podcasts que j’écoute parfois, l’animateur pose systématiquement une question aux invités qu’il reçoit. Cette question est simple, mais m’a fait réfléchir à chaque fois !

Cette question il l’appelle la « règle d’or ». La voici : « Imagine que tes enfants oublient tout ce que vous leur avez appris, ta femme et toi, depuis qu’ils sont nés. Quelle serait la seule chose que tu voudrais qu’ils se souviennent ? ».

Souvent, quand j’écris les paroles de mes chansons ou quand je valide la direction que prend le morceau, c’est cette question qui vient me chercher (même inconsciemment). Quelle chanson je voudrais que mes enfants gardent de moi ? Quels messages et quelles « vibes » ?

7.      Un petit coup de boost personnel

Cette avant-dernière raison pour laquelle je pense que composer personnellement ses morceaux reste intéressant, même à l’ère de l’IA, est d’une puissance folle !

A l’heure où j’écris ces quelques lignes, je dois composer environ 5 morceaux complets en une année. Je sais, ce n’est pas énorme… Mais, à chaque fois que j’arrive au bout du processus et que j’appuie sur « distribuer votre morceau », je ressens une fierté inexplicable. Un sentiment d’accomplissement m’envahit. Il a pour effet de me donner un grand coup de boost pour d’autres projets plus compliqués.

Ok le morceau n’est probablement pas parfait. Bien évidemment que d’autres font beaucoup mieux que moi, plus facilement et plus régulièrement. Il est clair que l’IA commence à faire des trucs de dingue. Mais vous savez quoi ?! Qu’est-ce que ça peut me faire ?!

Savoir que j’ai moi-même franchi la ligne d’arrivée est un sentiment tellement fort. C’est aussi pour ça que je souhaite écrire un nouveau morceau et puis un autre. Cela me permet de me connecter à moi-même et de faire quelque chose dont je suis fier.

Je l’ai déjà raconté, le premier morceau que j’ai finalisé m’a pris une année complète. Et pourtant, lorsqu’il est sorti sur Spotify (et toutes les autres plateformes) alors que la qualité n’est franchement pas terrible, j’étais si heureux !

Et sincèrement, je souhaite à tout individu de cette planète de ressentir cela. Quelle puissance !

8.      Une pure envie de créer

Et puis parfois, c’est la simple envie de créer, sans pression ni objectif précis. On prend sa guitare, son pinceau ou sa caméra et se lance… par pur plaisir !

Oui, ok, l’IA sait faire des trucs impressionnants. Qu’à cela ne tienne… j’ai envie de créer, de m’amuser, de jouer.

Si ça vous tente, lancez-vous. Ne faites pas attention à ce qui se passe autour de vous. Prenez votre pied à composer, c’est tout.

Juste pour le plaisir… On a encore la chance de pouvoir le faire, alors profitons-en !

Et donc, pourquoi composer ? Juste un acte de partage et d’humanité.

Finalement, que ce soit en musique ou dans tout autre passion/projet que vous vous lancez, il y aura toujours de bonnes raisons de vouloir relever le challenge.

L’important est de pouvoir se connecter à soi-même et au monde qui nous entoure. Pouvoir partager un moment, une idée, une réflexion ou un point de vue en toute simplicité. Sans se mettre la pression, juste par humanité.

Plus que toute création artistique, la musique a le don de provoquer chez moi des émotions fortes. Alors que d’autres pourront être profondément touché par une peinture ou un film, c’est particulièrement la musique qui me fait vibrer.

Du côté de l’acte créatif, tant la progression technique dans l’apprentissage d’un instrument que la réalisation finale d’un produit musical, éveillent en moi cette fragilité propre à l’humanité.

Si l’avenir nous réserve encore plus de difficultés à faire l’effort de composer et à s’éclater à le faire, alors pourquoi attendre ? L’humain a encore tellement de choses à écrire.

Envie de partager votre point de vue sur la création musicale à l’ère de l’IA ?

Ok cet article est un peu plus philosophique et métaréflexif que d’habitude. Mais parfois, prendre de la hauteur peut s’avérer nécessaire pour se recentrer sur le pourquoi on fait les choses. Ou encore pour développer et affiner sa vision.

Si je n’ai aucune idée de qui lira ces quelques lignes, je suis certain que les poser m’aura fait grandir, d’une façon ou d’une autre…

Et vous, que pensez-vous de la création à l’ère de l’IA ? Êtes-vous plutôt effrayés, indifférents ou surexcités ?

N’hésitez pas à laisser votre point de vue en commentaire 😉. Et merci pour votre lecture !