Vous êtes-vous déjà retrouvé devant votre instrument ou votre DAW sans savoir comment faire évoluer votre morceau ? Avez-vous déjà ressenti cette frustration de ne pas pouvoir transformer vos idées de base en morceaux complets ?
Ou avez-vous déjà eu l’idée d’un riff ou d’une mélodie intéressante, sans savoir comment la développer et que vos morceaux finissent par prendre la poussière ?
Dans ce cas, bienvenue !!! Vous faites partie de ceux qui auront une piste sérieuse à exploiter.
Comme d’habitude, ma réflexion vient du fait d’avoir regardé des tonnes de vidéo YouTube. Hier par exemple, j’ai regardé une vidéo de Trev Barnes, où il montre son processus de composition d’une chanson Indie Rock. Souvent dans ses vidéos, il part d’une idée qu’il a en tête. Du genre : « hier en soupant avec ma femme, j’ai eu ce riff de guitare en tête et depuis, je n’arrête pas d’y penser ». Si ça me marque autant, c’est parce que personnellement, je ne parviens que très rarement à entendre des idées spontanément et encore moins à les retenir en mémoire jusqu’au lendemain…
Alors je me suis demandé s’il était possible de développer le fait d’entendre mentalement des idées musicales intéressantes et exploitables pour mes propres morceaux.
Mes recherches m’ont mené à un concept fondamental, souvent méconnu des musiciens amateurs, mais essentiel pour les pros : l’audiation.
De l’idée au morceau terminé : comment l’audiation peut vous aider à composer ?
Beaucoup de musiciens amateurs semblent se sentir bloqués dans le fait de ne pas pouvoir terminer leurs morceaux. Et pour être sincère, c’est mon cas également. Régulièrement, je me retrouve avec une idée que je trouve super cool, que j’enregistre sur mon téléphone et qui reste là parce que je n’ai aucune idée de ce que je pourrais en faire. En fait, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai créé ce blog, prendre le temps de réfléchir, découvrir et partager des choses importantes qui me permettent de finir mes compos et qui, je l’espère pourront vous permettre de finir vos compos.
Dans mes recherches pour cet article, j’ai trouvé que c’est probablement en grande partie par manque d’audiation que les musiciens plutôt amateurs rencontrent des difficultés pour terminer leurs chansons.
Loin de la simple intuition ou du talent inné, l’audiation est cette capacité à « faire vivre mentalement la musique ». En plus, c’est un super pouvoir qui peut se développer ! Dans l’apprentissage de cette compétence, l’enjeu est de dépasser la dimension physique/concrète/réelle de la musique pour davantage cultiver une écoute interne et une mémoire musicale précise.
Plutôt que de rester focalisé sur son instrument ou sur l’écoute active de morceaux (pratiques néanmoins fondamentales), le principe est de s’entraîner à « visualiser » mentalement les mélodies et harmonies. Visualiser est ici un terme fourre-tout qui signifie plutôt « faire vivre mentalement »/« évoquer » (notion empruntée à la gestion mentale).
Et, en pratiquant régulièrement cette audiation, il vous sera possible de naviguer plus librement dans vos compositions et donc, de les mener à terme.
Et donc ?!
La question fondamentale qu’on peut se poser est donc la suivante : « comment peut-on entrainer son « studio mental » ? Ou encore, « comment peut-on apprendre à entendre des idées que l’on pourra exploiter dans ses morceaux par la suite ? »
Ce que je trouve intéressant, c’est qu’une fois de plus, l’inspiration ne tombe pas du ciel ! En réalité, tout est le résultat d’un apprentissage. C’est la raison même de l’existence de ce blog : « permettre aux musiciens amateurs d’apprendre à composer et à enregistrer leurs premiers morceaux ». Mais le challenge est le suivant : comment cibler l’apprentissage nécessaire à réaliser ? Dans quel ordre faire les choses ?
Développer son audiation : La clé de la créativité en 5 étapes
En recoupant différentes sources, voici une série d’exercices à pratiquer régulièrement. Ceux-ci pourraient aider à développer cette audiation, réelle autonomie créative.
Faisons une brève parenthèse (n’hésitez pas à sauter ce paragraphe si vous voulez aller à l’essentiel)… Si je crois que ces exercices ont réellement le potentiel de modifier la donne, c’est parce qu’ils reposent sur différents piliers qui me semblent solides, j’ai nommé : les fonctions exécutives. Il s’agit d’un ensemble de compétences cognitives qui contrôlent et gèrent nos pensées. Une analogie intéressante serait de dire qu’elles sont le réel chef d’orchestre du cerveau. Principalement, on y retrouve la mémoire de travail, la flexibilité cognitive et le contrôle inhibiteur. N’hésitez pas à dire en commentaire si vous souhaitez plus de détails à ce sujet.
Si à l’heure actuelle je ne peux pas affirmer avec certitude leur efficacité, c’est en tout cas les exercices que je compte pratiquer durant les quatre prochaines semaines. Bien sûr, je viendrai éditer l’article par la suite afin de vous partager mon ressenti.
La proposition est donc la suivante :
1. La mise en bouche
Le premier exercice consiste à s’entrainer sur du non musical.
Avant de passer à l’audiation de mélodies, de rythmes et d’harmonies, il semblerait intéressant de s’entrainer sur d’autres types de sons, plus concrets pour le cerveau humain.
L’idée est la suivante : écouter un son connu (un cri d’oiseau, un klaxon de voiture, un rugissement de lion…) et tenter de le reproduire mentalement. Sur YouTube vous trouverez tous les sons que vous voulez.
L’important ici est de dissocier le temps entendu par l’oreille du temps mental (le fait d’évoquer les sons).
Il s’avèrerait que prendre le temps d’enrichir ses évocations serait une pratique intéressante (on retrouve également cette notion en gestion mentale). Je m’explique…

Une fois que vous arrivez à « entendre » le son mentalement, l’étape suivante consiste à lui associer d’autres images mentales, d’autres sons intérieurs ou d’autres sensations intérieures. Par exemple, vous pouvez l’associer à une image, un mouvement, un souvenir, une texture, …, ou même une émotion. Laissez libre court à votre imagination. Plus vous l’ancrerez dans votre esprit de différentes manières, plus il vous sera facile de le manipuler.
2. Faire puis chanter.
Dès que cette gym d’entrainement sur du non-musical effectuée (étape 1), il est temps de passer à quelques exercices de reproduction orale.
Sur votre instrument, jouez une série de 3 notes (au hasard) dans une gamme de notes de votre tessiture vocale. Après ces notes jouées, prenez une bonne inspiration et tentez de les reproduire en les chantant. Reproduisez l’exercice plusieurs fois. Lorsque vous êtes en confiance sur 3 notes, passez à 4, puis 5, puis 6 et enfin 7. Il n’est pas nécessaire d’aller au-delà de 7. En effet, le cerveau assimile relativement facilement jusqu’à 7 éléments, ce qui semble suffisant pour passer à l’étape suivante.
3. Chanter puis refaire.
Pour cette étape-ci, on procède comme pour l’exercice précédent, mais dans le sens opposé.
Chantez quelques notes (entre 3 et 7) et tentez de les reproduire de mémoire sur votre instrument.
Cet exercice est plus compliqué car il s’agit de générer des notes à partir de ce que l’on a ou ce que l’on peut fabriquer en tête. Et, si comme moi vous n’êtes pas né avec ce talent d’audiation, il vous faudra probablement quelques essais et erreurs avant de parvenir à proposer des séries de notes réellement distinctes les unes des autres.
En écrivant cet article, je teste directement les exercices afin de voir s’ils sont intéressants et s’ils s’enchainent de façon cohérente.
Le gap entre le point 2 et l’exercice proposé ici est un peu grand pour moi. Du coup une proposition est de mixer les 2…
Commencez par 3 notes sur votre instrument et essayez d’inventer 2 notes supplémentaires en chantant, puis tentez de reproduire ces deux notes sur votre instrument. A titre personnel, je trouve cette étape intermédiaire importante.
4. Faire et imaginer mentalement.
On reprend le même exercice que « faire et chanter » (au point 2), excepté qu’à la place de chanter, on va tenter de reproduire mentalement la suite de notes jouée sur l’instrument.
Le principe ici est de pouvoir développer ses représentations mentales autour de la musicalité. Lorsqu’on est familier avec les premiers exercices, celui-ci nous permettra de réellement tester ces fameuses capacités d’audiation sur une série de notes simple/basique.
5. Dernière étape : imaginer mentalement et refaire.
On continue de s’entrainer en suivant une progression clairement définie, étape par étape.
Cette fois-ci, on développer la capacité de générer une mélodie mentalement pour s’entrainer à la reproduire sur son instrument.
C’est ici qu’on voit l’intérêt de ce genre d’exercice pour nous aider à terminer nos compos. En effet, si on arrive à imaginer la suite d’un morceau et qu’on parvient à le reproduire sur son instrument, dans ce cas l’affaire est réglée. Même si d’autres « outils » que l’audiation peuvent être utilisés à cette fin, cette compétence reste néanmoins intéressante pour développer sa musique.
L’audiation : bénéfices supplémentaires
Au-delà de développer son inspiration pour pouvoir terminer ses morceaux, améliorer ses compétences en audiation peut amener des bénéfices supplémentaires.
Bien sûr, l’improvisation en fait partie. Si je parviens à rapprocher les moments où je peux avoir une mélodie en tête aux moments où je peux la jouer sur mon instrument, j’améliore forcément mes compétences d’improvisation.
Un deuxième point positif à développer son audiation est le fait de « s’affranchir » de son instrument. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il m’est souvent arrivé de prendre ma guitare pour jouer quelque chose et de ne pas savoir quoi faire. Après 2 minutes, je repose donc mon instrument et je passe à autre chose. Autrement dit, je ne m’améliore absolument pas ! En revanche, en développant cette audiation, il est fort probable que je puisse entendre quelque chose à jouer et le jouer dans la foulée…
Enfin, en développant son oreille musicale interne, il est à parier que nos compétences en arrangement de morceaux se verront elles aussi améliorées. Et ça, c’est probablement la conséquence positive que j’attends le plus. Terminer un morceau, c’est déjà pas mal ! Mais pouvoir l’arranger pour le rendre intéressant et engageant jusqu’au bout, je sais à quel point c’est précieux.
En conclusion, je pense que développer ses compétences en audiation peut permettre de développer ses intentions musicales. Et, c’est probablement là que réside toute la magie. En conscientisant ce qui pourrait être, on peut décider rapidement si c’est un chemin créatif que l’on souhaite prendre ou s’il faut continuer d’élaborer l’idée pour rendre le morceau plus sympa.
La prochaine étape : expérimenter par vous-même l’audiation pour transformer votre frustration en créativté
Le problème de cette technique, c’est que personne ne peut le faire à votre place ! Si les vidéos YouTube ont tendance à montrer des « trucs et astuces », l’apprentissage de la musique n’a jamais été aussi simple (en tout cas pour ma part).
A un moment, il faut se lancer et expérimenter par soi-même. Et, si ces conseils ne proviennent pas d’un expert, ils ont au moins le mérite de proposer clairement (en partie en tout cas) des pistes pour s’améliorer et nous rendre confiants pour finir nos compos.
Développer mon audiation est en tout cas le pari que je vais faire et que je vous invite à faire également !
L’idée « d’autonomie créative » synthétise bien cette sensation que je souhaite développer. Et, les quelques petits exercices mis en avant dans cet article me semblent répondre à cela.
Si vous vous lancez dans cette aventure, n’hésitez surtout pas à vous observer et prendre des notes sur ce qui vous parle, les difficultés, les résultats, etc… et à nous les partager en commentaire.
Aussi, n’hésitez pas à nous partager vos propres astuces pour développer votre « studio mental ». 😊