Évaluer son niveau en production musicale : LE secret pour ne plus stagner

Les lecteurs réguliers de ce blog le savent : je considère que les blocages créatifs en composition musicale ou en écriture de paroles résultent avant tout d’un manque de compétences. C’est pourquoi l’apprentissage constitue selon moi la clé pour surmonter ces obstacles et mener nos compositions à terme (j’ai déjà abordé cette thématique, voir ici). D’où l’intérêt de pouvoir évaluer son niveau…

Un lama qui s'imagine progresser en musique en y pensant

Laissez-moi vous raconter une petite anecdote…

Quand j’ai réalisé mon premier morceau… et ma déception

Lorsque j’ai commencé à utiliser Cubase (version 10), j’ai ressenti le besoin de suivre une formation pour comprendre globalement le fonctionnement de l’interface. A l’époque, la chaine YouTube « Born to Produce » apparaissait souvent dans les propositions de l’algorithme. Les formations qu’ils proposaient étaient très peu couteuses, ce qui constituait une bonne solution à l’époque.

La formation en poche, je l’ai d’abord bingée (regarder en une fois l’ensemble de la série de vidéos), avant de la reprendre étape par étape. Je regardais une vidéo, ou une partie de vidéo, et je tentais d’appliquer les actions proposées. Pas à pas, j’ai construit mon premier morceau complet.

Oui mais voilà, alors que leur morceau avait un son clairement pro, le mien donnait plutôt l’envie de rire (ou de pleurer, c’est selon…). Alors que j’avais suivi à la lettre les instructions, utilisé les mêmes plugins et procédé aux mêmes étapes de création, mon morceau n’était ni engageant, ni agréable à écouter. Il me laissait indifférent… J’avais juste terminé un truc que j’ai rangé au placard jusqu’à le ressortir pour cet article.

Prendre conscience de son niveau réel en musique

Alors comment expliquer qu’il y ait autant de différences entre mon produit fini et celui sur lequel je m’étais basé ? Pourquoi y avait-il un fossé aussi important entre nos deux morceaux alors que j’avais minutieusement appliqué chacun de leur conseil et suivi chacune de leurs étapes ?

La réponse simple est que mon niveau d’expertise et mon niveau d’expérience était TRES loin de ceux des formateurs. En effet, à cette époque-là, je ne connaissais pas grand-chose en musique. Je savais gratter un peu de guitare et connaissais les accords principaux, mais pour le reste…

Aucune connaissance en théorie musicale ne figurait dans mon bagage, que ce soit en harmonisation ou au niveau rythmique. L’arrangement d’une chanson nécessitait des compétences spécifiques, ce que j’ignorais totalement. Mon oreille devait se développer petit à petit pour entendre des éléments acoustiques de plus en plus fins dans le mix final – une révélation pour moi. Quant aux techniques d’enregistrement, leur nombre rivalise avec celui des planètes dans l’univers, une diversité que je n’avais jamais soupçonnée. Etc, etc…

J’avais oublié mon intention première en achetant cette formation ; découvrir comment utiliser le logiciel Cubase. Il était clair, dès lors, que mon attention se focaliserait davantage sur les aspects techniques et mécaniques de la création d’une chanson, pas sur le reste.

Pour être sincère, je n’avais jamais enregistré, ni produit une chanson complète avant cela. Et pourtant, j’espérais qu’elle serait un tube à partager sur toutes les plateformes. Je pensais qu’avec les outils disponibles à l’époque, faire de la musique n’était pas si sorcier. J’ai donc perdu énormément de temps et d’énergie avant de prendre conscience de mon niveau réel. Il me faudrait alors cheminer doucement pour réduire le fossé entre mon niveau de l’époque et l’image que j’avais d’une chanson terminée.

Ne tombez pas dans ce piège, ne perdez pas ce temps-là !

Tant de talents gâchés…

Le problème dans cette histoire, c’est que j’étais convaincu que je pourrais y arriver simplement en ayant le bon processus. Si quelqu’un me montrait les étapes pour créer un morceau, il n’y aurait qu’à les utiliser et mes les approprier pour finir autant de compos que d’envies.

J’avais sous-estimé le feeling, l’expérience, l’expertise et donc les compétences nécessaires pour réaliser un morceau digne de ce nom !

Ce n’est que plus tard que j’ai compris que chaque micro-choix a un impact sur le produit fini.

Le pire dans tout cela, c’est que je vois ce pattern se reproduire pour beaucoup de personnes. Les attentes de certains sont disproportionnées par rapport à leur niveau de compétence. De mon expérience, c’est exactement cela qui entraine des frustrations et des déceptions. Beaucoup ont tant à exprimer, pourtant lâchent leur projet pour ces mêmes raisons.

Les dommages collatéraux n’en valent pas la peine !

Alors apprenez à vous connaitre pour définir des attentes légitimes et être encouragés par la prise de conscience des progrès réalisés, pas à pas !

4 Facteurs clés pour évaluer son niveau et finir ses compos

Dans cette partie, je vais vous partager ce que je pense nécessaire à prendre en considération pour conscientiser son niveau et déterminer des attentes accessibles et réalistes.

1. Considérer sa ZPD (Zone Proximale de Développement)

Introduit par Lev Vygotsky, ce concept, inscrit dans le champ de la psychologie du développement, représente l’écart entre ce qu’une personne peut faire de manière autonome et ce qu’elle peut réaliser avec l’aide de quelqu’un. Autrement dit, identifier l’étape que je pourrais réaliser en ayant un soutien extérieur (mentor, coach, pair plus avancé…).

  • Concrètement, commencez par lister ce que vous savez que vous savez faire. Ex : je peux jouer les accords majeurs et mineurs simples sur une guitare (c’est ce que j’aurais noté à l’époque) ; je sais chanter telle chanson ; j’ai une bonne base rythmique ; je connais les fonctionnalités principales de mon DAW (Digital Audio Workstation, tel que Cubase, Logic Pro, etc.) …
  • Identifiez alors vos limites. Soyez sincère avec vous-même, cela permettra d’apprendre plus rapidement et de manière plus authentique. Ex : je ne sais pas comment structurer ma chanson, je ne sais pas comment sortir d’un loop de 8 mesures, je ne parviens pas à écrire une ligne de basse intéressante, etc.
  • Définissez un objectif que vous pensez réalisable ou une habileté que vous souhaitez développer (ni trop éloigné de ce que vous savez faire, ni trop simple). Que souhaitez-vous apprendre par-dessus tout le reste ? Quel est l’élément qui améliorera vos morceaux ? L’élément que vous identifiez à cette étape doit être challengeant, apporter une plus-value directe à vos morceaux et être accessible sans trop d’efforts (un peu, mais pas trop).
  • Cherchez alors la meilleure aide pour réaliser cet apprentissage et atteindre votre objectif. Connaissez-vous quelqu’un qui pourrait prendre le temps ? Pouvez-vous trouver une formation ou des tutos clairs en ligne ? Existe-t-il une communauté d’apprentissage qui pourrait vous rendre un feedback sincère et constructif ? etc…

2. Connaitre son niveau d’énergie : Tête, cœur, corps

Si le premier point concernant la ZPD avait pour objectif de prendre conscience de son niveau de compétence et des lacunes à combler, celui-ci s’intéresse davantage à l’état d’esprit et aux conditions nécessaires pour développer efficacement de nouvelles compétences.

Certes, la progression peut parfois émerger du chaos et de l’improvisation. Cela étant dit, lorsque les conditions de réussite sont réunies, l’apprentissage devient plus fluide et efficace. De même, s’il est vrai que le hasard fait parfois bien les choses, l’intention consciente et la lucidité sont des leviers puissants pour garantir une évolution.

C’est pourquoi, à certains moments clés, prendre le temps d’évaluer son niveau d’énergie peut s’avérer déterminant. Encore une fois, le principe sous-jacent est celui de l’intentionnalité. En contrôlant consciemment les conditions d’apprentissage, vous maximisez vos chances de développer les compétences visées.

Cette évaluation peut s’articuler autour de 3 dimensions complémentaires :

  • La dimension cognitive (la tête). Votre esprit est-il suffisamment alerte pour et disponible pour assimiler de nouvelles connaissances ? Etes-vous en mesure de vous concentrer pleinement ? N’avez-vous pas trop « d’actions en attente » provoquant une surcharge cognitive ?
  • Le physique (le corps). Etes-vous dans un état propice à la création ? Ressentez-vous une fatigue qui pourrait entraver vos mouvements ? Votre environnement physique (ergonomie, confort, absence de tensions) soutient-il votre pratique ?
  • La partie émotionnelle (le cœur). Dans quel état émotionnel vous trouvez-vous ? Êtes-vous suffisamment serein pour accueillir l’incertitude inhérente à l’exploration créative ? Ressentez-vous suffisamment de motivation pour surmonter les difficultés inhérentes au développement de nouvelles compétences ?

L’objectif de ce scan corporel, mental et émotionnel n’est pas d’attendre la réunion des conditions parfaites (si tant est que ces conditions parfaites puissent exister). L’idée est plutôt de développer une conscience fine de votre état global. Et ce, afin d’ajuster certains paramètres, le cas échéant. Avez-vous besoin d’une petite sieste pour retrouver la forme avant de vous y mettre ? N’est-il pas intéressant de répondre aux quelques e-mails en attente depuis plusieurs jours et qui vous empêchent de passer sereinement à autre chose ? Peut-être avez-vous besoin de modifier votre environnement (encens, aération, photo de vos enfants…) pour vous remotiver ou vous mettre en condition ?

3. Être au clair sur le niveau d’attente à l’issue du projet

Il arrive souvent que nos ambitions dépassent nos possibilités…

Pas plus tard qu’hier, j’ai aidé mon fils de 5 ans à bricoler un katana en origami. Fan de Ninja, il m’a demandé de faire un bricolage avec lui. Je me suis dit : « facile, on n’a qu’à prendre une petite vidéo YouTube d’un truc qui semble simple et quoiqu’il arrive, il sera heureux ». On a regardé la vidéo en entier une première fois pour décider si on se lançait dans l’aventure ou non. Comme ça semblait accessible, on est allé chercher le matériel nécessaire et on s’est mis à table pour débuter le pliage. Sauf que… ça s’est avéré être bien plus compliqué que prévu.

L’aisance avec laquelle la personne réalisait la suite de pliages dans la vidéo donnait l’illusion de simplicité. Et c’est bien sur ce point que je souhaitais attirer votre attention.

Lorsqu’on se met à produire de la musique, il faut rester cohérent avec soi-même et ne pas viser plus loin/haut que possible. Il s’agit de rester raisonnable dans les attentes qu’on peut avoir envers nous même et faire confiance au processus de progression. Parce qu’au final, c’est bien de ça qu’il s’agit ici, progresser.

En effet, en visant la progression et non la perfection, on peut définir un niveau de réalisation équilibré entre nos compétences actuelles et la qualité attendue en fin de projet. D’où l’intérêt de souvent finir ses compos, même si elles ne sont pas parfaites. A chaque fois, ce sont des opportunités d’apprentissage.

Conclusion, ayons des attentes ni trop faibles, ni trop élevées.

4. Connaitre se zone de créativité

Enfin, le dernier point que je voulais présenter dans cet article est en lien avec la créativité.

J’aime apprendre, c’est indéniable… Dès le départ, je souhaitais apprendre chaque étape de la production d’un morceau, de l’idée de base à la distribution de la chanson. Seulement, quand on démarre de zéro, ces champs d’expertises sont si vastes qu’on peut rapidement se perdre dans leurs méandres.

Jusqu’au jour où, dans l’une des formations (impossible de me souvenir laquelle), j’ai entendu le concept de « zone de créativité ». Ce concept a tout de suite raisonné en moi. Bien sûr, j’avais toujours l’envie folle de maitriser toutes les étapes de la production, mais je ne pouvais pas mener tous les combats en même temps.

J’ai alors pris une feuille toute blanche et je me suis mis à noter tout ce qui m’éclatait dans les étapes de la production. Ensuite, j’ai pris le temps de relire à plusieurs reprises ce que j’avais écrit pour me laisser le temps d’y réfléchir. Et, après quelques jours à laisser mûrir l’information, j’ai décidé de surtout me focaliser sur la guitare et l’enregistrement des sons.

J’ai investi dans un bon simulateur d’ampli (le plugin « Tone King Imperial MKII » de Neural DSP) et j’ai commencé à réellement prendre le temps d’affiner mon son de guitare. C’est là que j’ai réellement trouvé de quoi m’éclater.

Non seulement je me suis beaucoup amusé, mais ma production pré-mix s’est vue largement améliorée au niveau de la qualité.

J’ai donc envie de vous encourager à prendre le même chemin et à identifier vos zones de créativité, quitte à ce que le reste soit un peu moins bon au départ…

Est-ce qu’il n’est pas temps de s’y mettre ?

Après avoir identifier votre zone proximale de développement, votre niveau d’énergie, votre niveau d’attente en fin de projet et votre zone de créativité, est-ce qu’il n’est pas temps de simplement s’y mettre ?

Bien évidemment, il n’est pas nécessaire d’aller si loin dans le niveau d’analyse de ses compétences et de ses ambitions pour faire de la musique. Mon propos n’est bien sûr pas là.

L’idée est davantage de découvrir des outils qui, parfois, peuvent nous donner ce petit coup de pouce nécessaire pour retrouver de la motivation ou de l’inspiration et nous aider à progresser.

En tout cas, c’est ce que je vous souhaite.

En attendant, avez-vous d’autres idées que vous avez utilisées pour vous améliorer et que vous êtes prêts à partager ? N’hésitez pas à les laisser en commentaire ! 😉

Si vous avez aimé l'article, vous êtes libre de le partager ;)

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