La semaine dernière, j’ai regardé une vidéo YouTube sur les conseils essentiels à prendre en considération lorsqu’on souhaite enregistrer et produire ses propres morceaux. Et, l’un des conseils à réellement raisonné en moi, celui de développer sa vision musicale.
Si ce n’est pas la première fois que je l’entends, c’est la première fois que ce conseil provoque chez moi ce fameux Eurêka !
Dans mon projet d’album, c’est probablement l’un des éléments qui m’a freiné. Lorsque j’écoute les morceaux que j’ai déjà sorti sur les plateformes, je ne peux qu’entendre les différences avec les morceaux que j’utilise pour référence. Si cet écart est le témoin d’un niveau de compétences encore non acquis, il est aussi expliqué par un manque clair de vision.
Clarifier et développer sa vision musicale me semble donc un élément essentiel pour une production réussie.
C’est bien beau tout ça, mais comment on s’y prend pour préciser cette vision ?
Pourquoi développer sa vision musicale ?
Finir une compo n’est déjà pas une chose particulièrement facile à réaliser. Mais le pire, c’est quand on termine sa composition et qu’on réalise qu’elle ne correspond pas à ce qu’on espérait.
Arrivé au bout du processus de création et de production, on est fier du chemin parcouru, mais le produit fini nous donne envie de jeter l’éponge définitivement. Ce que je veux dire, c’est que bien qu’on y ait mis tout le cœur et l’énergie possibles, le résultat n’est pas à la hauteur de nos espérances.
Puis là, impossible d’identifier réellement d’où vient le problème… Est-ce la qualité des sons utilisés ? L’enregistrement des parties fait-il défaut ? Est-ce à cause de nos compétences en mixage ? Impossible d’y voir clair. En plus, c’est probablement un peu tout ça à la fois.
Si vous vous retrouvez dans ces quelques exemples, alors cet article est pour vous.
Le principe général à mettre en application pour éviter de se retrouver dans ce genre de situation, c’est de se créer une boucle rétroactive. Au lieu de se lamenter sur le produit imparfait, on peut simplement prendre un temps pour poser ce qui nous plait et ce qui ne nous plait pas et tenter d’en tenir compte pour la prochaine réalisation. Autrement dit, développer une réelle vision des choses à prendre en considération pour la création d’un morceau, de l’idée de base à la finalisation du projet.
Précisez votre vision grâce à la boucle rétroactive.
Ce concept de boucle rétroactive présente un atout majeur : elle combine théorie et pratique en permettant d’apprendre tout en agissant. En effet, elle favorise l’apprentissage progressif tout en offrant des applications pratiques immédiates.
La question cruciale devient alors : par où commencer pour mettre en pratique ce concept et développer sa vision du morceau / du projet ?
1. Documenter sa réflexion, ses goûts et ses projets
Quand je prends ma guitare pour jouer quelques minutes, il m’arrive de tomber sur une idée qui me plait et que je transformerais bien en morceau complet. Comme ce n’est jamais le bon moment, j’enregistre cette idée en memo vocal sur mon téléphone.
Jusqu’ici, lorsque me venait alors l’envie de développer l’une de ces idées en chanson, j’ouvrais Cubase et tentais d’enregistrer la progression d’accords ou la mélodie. Le principe recherché était celui de développer petit à petit cette idée pour structurer le morceau.
Oui mais voilà, à la fin, même si le morceau était terminé, je n’en étais pas réellement fan. Le truc, c’est que j’avais « juste » mécaniquement arrangé les choses pour avoir un morceau complet.
Conclusion, techniquement c’était ok (ou suffisamment ok), mais la chanson n’avait aucune âme et ne procurait aucune émotion.
Depuis cette vidéo, pour le projet sur lequel je travaille pour le moment, je tente d’imaginer à quoi pourrait servir l’idée initiale. A quel paysage mental elle me fait penser ? Quels types de sonorités j’entends pour l’accompagner ? Quels sont les morceaux existants auxquels j’assimile l’idée ? Etc…
Ma résolution pour la suite est de davantage documenter tout cela. Qu’est-ce que j’aime quand j’aime un morceau ? Est-ce le groove ? L’ambiance musicale ? Le son de guitare ? … ? Et lorsque j’ai une idée, quelle est mon intention ? Comment ai-je envie de la mettre en valeur ?
En recueillant ces données, je pourrais alors prendre le temps de voir les patterns qui se dessinent et préciser mes goûts et mes envies. Avoir une bibliothèque de références personnelles (et donc des principes fondamentaux pour développer ma vision) me semble une piste intéressante à exploiter pour améliorer mes production.
C’est en tout cas ce que je souhaite tester !
Et vous ? 😉
2. Identifier 2-3 éléments d’amélioration
Ce point est crucial ! Je sais que je me répète d’article en article à ce sujet, mais c’est peut-être parce que je prends conscience que je devrais l’appliquer moi-même.
Il n’est pas possible de batailler sur tous les fronts (ou de courir plusieurs lièvres à la fois). En étant au clair sur les éléments principaux identifiés à l’étape 1, on peut alors cibler davantage des points spécifiques d’amélioration.
Cela me fait penser au principe de Pareto (80/20). Quels sont les 20% de choses que je peux améliorer et qui feront progresser la qualité de mes morceaux de 80% ?
Pour ma part, je sais que la dimension rythmique et le chant constituent des champs de progression importants dans mes compositions. En en prenant conscience, je peux soit développer des apprentissages ciblés sur ces points, soit les « externaliser » et faire appel à d’autres personnes plus compétentes.
Et vous, quels sont les points que vous pouvez améliorer tout de suite ? Ou ceux que vous pouvez déléguer ?
3. Réaliser des séances d’écoute active sur ces éléments
Ça c’est un conseil que j’ai bien trop souvent entendu, mais trop peu appliqué. D’ailleurs, en écrivant cet article, je me dis que je devrais tenter tout de suite !
Si j’ai pu cibler 2 ou 3 éléments d’amélioration, il est peut-être temps de prendre le temps de bien écouter ce qui me fait vibrer pour cela.
Quels sont les patterns, les sons, les rythmes de batterie que j’apprécie dans les chansons que j’écoute ? Quels sont les effets perceptibles qui donnent à ces éléments un réel impact dans le morceau ?
Je devrais m’installer à mon bureau/studio juste pour écouter finement et spécifiquement tout cela dans quelques morceaux. En tentant de décrire ce que j’entends, comment je l’entends… décrire les caractéristiques qui me plaisent et celles que j’aime moins.
4. Développer l’apprentissage nécessaire pour ces éléments
Une fois que les caractéristiques sonores, émotionnelles, d’ambiance, etc. sont identifiées, alors le principe est de clarifier quels sont les apprentissages à mettre en place pour affiner ses compétences et son expertise.
Si l’étape précédente se focalisait sur l’écoute, celle-ci se focalise sur les choses à mettre en place pour passer à l’action dans ses propres projets.
Autrement dit, il s’agit ici de traiter la question « comment mettre en pratique dans ses propres projets ce que l’on a découvert dans les morceaux professionnels ? »
D’une part, cela nous donnera une vision claire des étapes à réaliser pour s’améliorer, mais cela nous aidera aussi à ne pas se sentir surchargé avec toutes les informations qui sont disponibles en ligne actuellement.
Je me souviens que, lorsque j’ai démarré la composition, chaque fois que j’étais bloqué, je tentais de trouver des pistes de réponse sur YouTube. Et généralement, je finissais par regarder une quantité folle de vidéos, tutos et autres conseils sur des thématiques bien plus large que l’information que j’avais besoin à ce moment-là.
En ayant clairement ciblé une problématique ou un élément à améliorer, il est facile de filtrer les vidéos pour se dire « ok, ce n’est pas l’info que je cherche, je passe à la suivante » ou « parfait, j’ai ce dont j’avais besoin, je peux retourner travailler sur mon morceau ». C’est exactement pour cette raison que développer une vision claire du produit attendu peut s’avérer utile.
5. Se prévoir du temps… et expérimenter
Last but no least (dernier point, mais non des moindres), prendre le temps d’apprendre…
Si chaque projet est clairement une opportunité de s’améliorer en production musicale, cela ne suffit pas à progresser pour améliorer son niveau de compétences.
Il est primordial, et je le dis surtout pour moi-même, de se prévoir des moments d’apprentissage. Pour moi, rien n’est plus frustrant que le fait d’avoir une idée, mais de ne pas parvenir à la réaliser. Quand je travaille sur un morceau, que ce soit en composition ou en enregistrement, j’ai besoin d’être complètement focus, sans distraction.
Dès lors, le problème surgit quand mes compétences atteignent leurs limites. Obligé d’effectuer des recherches pour résoudre mon blocage, je perds mon élan créatif et me noie dans le flot incessant de contenus YouTube.
La conclusion de ce point est simple. En me fixant des moments où j’expérimente et teste des choses, je peux développer mon expertise (utiliser un plugin, trouver des sons que j’aime bien, tester une technique d’enregistrement…). Il est alors plus facile de mobiliser ces nouveaux acquis dans la création de nouvelles chansons.
Développer sa vision grâce à la boucle rétroactive : synthèse

Comme vous le voyez, cette boucle rétroactive est bien une boucle ! En cela, il peut être judicieux de l’utiliser de manière itérative. On se focalise sur 2-3 (même 1) éléments de base, on vit la boucle et lorsqu’on a expérimenté sur ces idées, on recommence un tour avec un autre élément qu’on souhaite mettre en avant dans le morceau.
Aviez-vous déjà pensé à cette vision ? Lorsque vous démarrez un nouveau projet, une nouvelle composition, quel est votre point de départ ?
N’hésitez pas à partager vos idées !! 😉